Les massages français

Qui n’a pas entendu que les massages seraient aussi anciens que les civilisations humaines ?

Même si nous n’avons pas de trace officielle de l’origine des massages, il est fort probable que les massages font parties des pratiques universelles car ils sont nés du besoin instinctif humain de soulager la douleur et de procurer du bien-être. Et ce depuis longtemps…

Chine, Inde, Egypte, Grèce, le massage apparaît dans presque toutes les cultures anciennes.

Savez-vous d’ailleurs que la France a une vieille histoire particulière avec les massages ?

L’héritage antique des massages

  • Le mot massage vient du mot français « masser », lui-même issu du latin massa (« pétrir ») et de l’arabe mass (« toucher, palper »).
  • Dès l’époque gallo-romaine, les thermes romains installés en Gaule (comme à Arles ou Lyon) intègrent déjà des frictions et onctions corporelles, ancêtres des massages.

Moyen Âge et Renaissance : un savoir oublié puis redécouvert

  • Durant le Moyen Âge, le massage disparaît presque en Europe à cause de la méfiance envers le corps et la nudité (influence religieuse).
  • À la Renaissance (XVIe siècle), les médecins redécouvrent les textes antiques (Hippocrate, Galien) et réhabilitent le massage comme soin de santé.
    ➜ Ambroise Paré (1510–1590), chirurgien du roi, parle de frictions thérapeutiques pour améliorer la circulation sanguine.

XVIIIe – XIXe siècle : naissance du massage médical moderne

  • Le XVIIIe siècle voit l’essor des traitements mécaniques du corps (frictions, étirements, gymnastique médicale).
  • Le tournant majeur vient du Suédois Per Henrik Ling (1776–1839), qui crée la gymnastique suédoise.
    • En France, ses techniques sont introduites au XIXe siècle par des médecins et kinésithérapeutes pionniers.

Les grandes figures françaises :

  • Lucas-Championnière (1843–1913) : médecin qui popularise le massage chirurgical et la rééducation fonctionnelle.
  • Bourgery, Meibom, et d’autres intègrent le massage dans les hôpitaux.
    • Le massage devient une pratique médicale reconnue et enseignée officiellement en France à partir de la fin du XIXe siècle.

XXe siècle : entre médecine et bien-être

  • Après la Première Guerre mondiale, le massage est massivement utilisé pour la rééducation des soldats blessés.
  • En 1946, la profession de masseur-kinésithérapeute est créée en France.
    • Le massage devient alors un acte thérapeutique réservé aux professionnels de santé.
  • Parallèlement, se développent dans les années 1970–2000 les massages de bien-être, inspirés d’Asie, de Polynésie, etc.
    • Cela donne naissance à des métiers distincts : massages non médicaux, en spa, esthétique ou relaxation.

Les rois de France pratiquaient et recevaient des massages, mais dans un contexte très particulier : souvent médical, rituel ou hygiénique, plutôt que de détente comme on l’entend aujourd’hui.

Les massages à la cour royale

Dès la Renaissance et surtout à partir du règne d’Henri IV et de Louis XIII, on voit apparaître à la cour des barbiers-chirurgiens et rebouteux, chargés de :

  • massages de rétablissement après blessures ou maladies ;
  • frictions et onguents pour douleurs musculaires ou articulaires ;
  • soins post-chasse ou post-bataille, fréquents chez les rois sportifs et cavaliers.

Louis XIV (le Roi Soleil)

Louis XIV recevait régulièrement des massages médicaux.

  • Il souffrait de crises de goutte, douleurs aux jambes et problèmes articulaires à cause de ses longues heures debout et de la danse.
  • Son médecin personnel (Fagon) et ses chirurgiens recommandaient frictions à l’huile, cataplasmes et massages pour soulager ses douleurs.
  • On parle aussi de « frictions royales », où le roi se faisait oindre d’huiles parfumées après le bain ou les étuves.

Il est possible que des rebouteux comme les Daumont aient participé à ces soins, en manipulant les articulations du roi ou en effectuant des massages réparateurs.

Les bains et frictions royales

Au XVIIIᵉ siècle, sous Louis XV et Louis XVI, les bains parfumés et frictions au vinaigre ou à l’eau de Cologne étaient très à la mode à Versailles.

  • Ces massages étaient faits par les valets de chambre, perruquiers ou barbiers, sous surveillance médicale.
  • Ils servaient à « réveiller les humeurs » ou à entretenir la circulation sanguine selon la théorie des humeurs.

Après la Révolution

À partir du XIXᵉ siècle, avec Napoléon Ier, la pratique du massage devient plus scientifique : les médecins militaires l’utilisent pour la rééducation, et on voit apparaître les premiers « masseurs médicaux », ancêtres des kinésithérapeutes.

Le nom de famille des rebouteux (ou « guérisseurs ») des rois de France était Daumont — plus précisément Daumont, dits les rebouteux des rois.

Ces personnages, parfois appelés « rebouteux du roi » ou « rebouteux des rois », étaient réputés pour leur capacité à remettre les os en place et soigner les luxations, fractures ou entorses, souvent par des manipulations manuelles. La famille Daumont aurait exercé cette fonction de génération en génération, notamment à la cour de Louis XIV et de ses successeurs.

Le massage royal à Versailles ; déroulement et rituels

Le lieu : la chambre du roi ou les bains royaux

  • Le massage se déroulait dans la chambre du roi, espace à la fois intime et public, ou dans un petit cabinet attenant appelé cabinet des bains.
  • À Versailles, Louis XIV fit aménager un cabinet de bains privé avec baignoire, table de friction et linge chaud.
  • Ces pièces étaient parfumées (eau de fleur d’oranger, musc, ambre) et chauffées, parfois par des braseros en argent.

Le personnel présent

  • Le roi n’était jamais seul :
    • le médecin du roi supervisait,
    • un rebouteux ou barbier-chirurgien exécutait les manipulations,
    • un valet de chambre aidait pour les linges et huiles.
  • Le rebouteux Daumont, par exemple, aurait pratiqué les frictions articulaires du roi sous contrôle médical.

Les huiles et préparations

Les massages utilisaient des huiles et onguents préparés par les apothicaires royaux :

  • Huile d’amande douce (base principale)
  • Huile de romarin ou de lavande pour stimuler la circulation
  • Baume du Pérou, essence de térébenthine, ou vinaigre aromatique pour soulager les douleurs
  • Parfois mélangées à du vin chaud ou du camphre

Ces huiles étaient tiédies et appliquées sur la peau avec des gants de soie ou les mains nues.

Le déroulement du massage

  1. Frictions légères sur les bras, jambes, dos, parfois les pieds, pour « réveiller les humeurs ».
  2. Manipulations douces des articulations : c’était le domaine du rebouteux.
  3. Étirements et rotations des bras et jambes, pour « réchauffer les membres ».
  4. Application de linges chauds imbibés d’herbes médicinales.
  5. Repos du roi, parfois avec musique douce ou lecture.

Le tout durait 30 à 60 minutes.

La dimension symbolique

  • Le massage n’était pas qu’un soin : il était aussi un rite de majesté.
  • Le corps du roi étant considéré comme sacré, le toucher d’un rebouteux était en soi un acte exceptionnel, autorisé par la médecine royale.
  • Louis XIV disait que ces soins « ranimaient ses forces pour le gouvernement du royaume ».

Après la séance

  • On terminait par des eaux parfumées (fleur d’oranger, rose, jasmin) et un vêtement léger de toile fine.
  • Le roi pouvait ensuite s’entretenir avec son médecin ou prendre collation.

Il existait de véritables lignées familiales, où le savoir se transmettait de génération en génération, souvent dans les mêmes villages.

La famille Daumont (Versailles, XVIIᵉ–XVIIIᵉ)

Rebouteux des rois de France, déjà évoqués.

  • Leur renommée dépassait Versailles.
  • Représentent le modèle du rebouteux de cour, toléré et respecté par la médecine officielle.

Les frères Thibaud (Auvergne, XVIIIᵉ siècle)

  • Originaires du Cantal, les Thibaud (ou Thibault) étaient rebouteux itinérants réputés pour « remettre les membres en place ».
  • On les faisait venir de loin, notamment à Clermont ou Lyon.
  • Certains ont fini par obtenir des charges de chirurgiens jurés, une reconnaissance rare pour des rebouteux.

Les Bérard de la vallée du Rhône (XVIIIᵉ–XIXᵉ siècles)

  • Famille de rebouteux-paysans de la Drôme, connue pour ses manipulations osseuses et son usage d’onguents à base de plantes.
  • Leur réputation a duré jusqu’à la IIIᵉ République.
  • On les appelait localement « les Bérard qui remettent les bras ».

Les Flandin (Bourgogne, XIXᵉ siècle)

  • Rebouteux et « masseurs du peuple », ils soignaient aussi les animaux (vaches, chevaux).
  • Leur pratique mélangeait reboutement, herboristerie et prières secrètes.
  • Les médecins ruraux les consultaient parfois pour des cas osseux complexes.

Les Marès (Ariège / Languedoc, XIXᵉ–XXᵉ siècle)

  • Famille de rebouteux-paysans pyrénéens.
  • Leur descendance est attestée jusque dans les années 1950.
  • Certains se sont ensuite formés à la kinésithérapie moderne après 1945.

Les héritiers contemporains : lignées de rebouteux modernes

Certaines familles rurales ont continué à transmettre un savoir empirique du reboutement, souvent intégré à des formes modernes de massage ou d’ostéopathie.
Exemples :

  • Familles Girard (Massif central)
  • Familles Mestre ou Rouby (Provence)
  • Famille Sérandour (Bretagne)

Le massage en France aujourd’hui :

  • En France, on distingue :
    • le massage thérapeutique (réservé aux kinésithérapeutes diplômés),
    • le massage de bien-être (à visée non médicale, relaxation, énergétique).
  • Les formations se multiplient, mêlant savoirs traditionnels et approches modernes (aromathérapie, réflexologie, ayurvéda…).

Le French Head Massage s’inscrit dans cette histoire commune des massages de bien-être, intégrant à la fois le savoir-faire ancestral et les connaissances modernes.

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